Liaison Seine-Escaut, de nouvelles opportunités pour le développement du report modal de l’axe Seine

Projet européen de transport multimodal entre l’axe Seine et l’axe Nord, la liaison Seine-Escaut offrira 1 100 km de voies navigables à grand gabarit reliant entre elles 6 régions européennes : Normandie, Île-de-France, Grand-Est, Hauts de France, Flandre et Wallonie et améliorant la performance des accès de 6 ports maritimes de la rangée nord.
Ce projet ambitieux, dont l’ouverture est prévue en 2030, soulève quelques questions partagées par les experts venus apporter leur éclairage lors de l’édition 2024 de l’évènement Multimodalité axe Seine • Accélérons la décarbonation.

 


Avec :
Jérôme Dezobry, Président du Directoire, Société du Canal Seine Nord Europe
Ferenc Szilagyi, Directeur Général, Ports de Lille
Gilles Kindelberger, Directeur Général, Sénalia
Philippe Lestrade, Managing Director, MSC


 

Ce nouveau canal ne facilite-t-il pas l’accès au Northern range ?

Une réflexion pragmatique permet de relativiser les craintes en matière de concurrence : la navigation depuis Le Havre vers Genevilliers prend environ 24h pour des bateaux allant jusqu’à 180 m de long et comportant 4 niveaux de conteneurs.

Avec le futur canal, il faudra compter 70 heures de navigation depuis Dunkerque ou Anvers, pour des bateaux de 135 mètres de long et comportant seulement 2 niveaux de conteneurs. Par conséquent, cette supposée concurrence des pays du Nord pour le flux de conteneurs coûterait 6 fois plus cher.

Si cette nouvelle liaison redéfinit les contours des liaisons fluviales, obligeant au partage, elle soutiendra le flux conteneurisé depuis Le Havre pour alimenter toute la région parisienne ainsi que le nord et l’est parisien et offrira de nouvelles opportunités pour remonter et redescendre la Seine.

 

Comment créer de la valeur ajoutée sur cette future liaison ?

Tirer avantage du grand gabarit

Le canal comprend l’aménagement de différentes écluses sur le territoire français et une connexion plus facile avec Anvers, ce qui va fluidifier le trafic existant et permettre à un port intérieur comme celui de Lille, où habituellement la taille des gabarits est limitée, de recevoir des bateaux jusqu’à 4 400 tonnes.

Contractualiser avec les organismes stockeurs et les mariniers

Les organismes stockeurs pourront mutualiser l’utilisation des barges de grands gabarits et ainsi réduire leurs coûts de transport. Ils disposeront en outre d’une cale à l’année. Les mariniers sont ainsi assurés d’avoir un travail régulier ; en contrepartie ils garantissent un prix de transport quel que soit la fluctuation du fret sur l’année. Ce projet va donc permettre de contractualiser à l’année avec les organismes stockeurs et les mariniers.

Développer les flux intercités

Les ports intérieurs assureront des connexions avec les ports maritimes et les terminaux fluviaux de la Seine et de l’Europe du Nord, avec des connexions au réseau ferroviaire. Ces infrastructures offriront une grande connectivité aux flux intercités qui sortent du régime du commerce international. Elle généreront de nouvelles activités qui renforceront le tissu économique local.

 

© Julien Tragin

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